Les papillons noirs de Caroline Gutman : D’autres vies que la sienne

D’étranges papillons bruissent dans sa tête. Quand la narratrice apprend qu’elle est atteinte d’une tumeur, non cancéreuse, mais dangereuse, au cerveau, elle a peur. Car soudain remonte avec force le souvenir de deux cancers, l’un à 20 ans, l’autre à 45 dont il avait fallu guérir et qu’elle a souhaité nier, enfouir comme s’ils n’avaient jamais existé.

Car pour elle, deux mondes coexistent, très différents et inconciliables, celui des malades et celui des bien-portants. Alors que commence le combat, et bien entourée grâce à ses fils, un amant fort marié, un Russe fou, la narratrice va s’intéresser à la famille de son père, cet homme avec qui la rencontre a été ratée.

Bientôt dans ses recherches émerge le personnage de Charles Hinstin, son cousin, rescapé de Buchenwald, ami de Kessel, en poste à Kaboul. Un aventurier au sens noble, un héros à qui elle peut se raccrocher.

En plongeant dans d’autres vies que la sienne, y compris au cours d’une curieuse rencontre avec Alexandre, architecte mythomane de Sainte Anne, l’héroïne de cette histoire étrange va trouver des forces et de nouveau sourire à la vie.

À la fois récit d’une guérison, texte littéraire où l’on croise Nerval dont l’auteur est une spécialiste, mais aussi Lautréamont et le grand Kessel, et roman d’une femme face au gouffre, Les papillons noirs séduit par la beauté qui en émerge, la volonté de vivre et de profiter encore de la mer bretonne, la promenade insolite au cœur d’un Paris magnifiquement décrit. Envoûtant.

Ariane Bois

Caroline Gutman, Les papillons noirs, JC Lattés, mai 2018, 288 pages, 19 €

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