Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa : Un camping-car nommé désir

Dire qu’Émile a peu de chance, c’est un peu comme dire qu’il pleut en Angleterre l’hiver : l’understatement de l’année. Le jeune homme n’a que 26 ans quand les médecins lui diagnostiquent un Alzheimer précoce qui devrait le tuer très rapidement. Et ses parents, éplorés, attendent de lui qu’il joue les malades parfaits. 

Alors un jour, sans prévenir personne, Émile s’enfuit au bord d’un camping-car direction les Pyrénées pour son ultime voyage. Les paysages plutôt que l’hosto, OK, mais pas seul : Émile prend soin de passer une petite annonce à la recherche d’un compagnon. Ce sera Joanne, une jeune femme mystérieuse et muette comme une carpe qui répondra présente. 

Sur ce scénario à haut potentiel lacrymal, on pourrait attendre le pire : du mélo, des cris, des pleurs… Et l’on tombe sur un texte merveilleusement bien ficelé, écrit par une primo-romancière, où l’humour l’emporte sur le coquin de sort. Au cours de son périple, Émile va découvrir la joie de vivre, l’amitié, et l’amour qui peu à peu nait sur la route entre les deux personnages principaux, croqués à la perfection. On rit franchement, on sourit beaucoup, on aime les dialogues bien ficelés et surtout l’on croit à cette rocambolesque histoire où les deux héros, murés chacun dans leur douleur au début vont progressivement s’apprivoiser, s’ouvrir à l’autre, pour finalement se donner la plus grande preuve d’amour.

Ne nous méprenons pas, on n’est ici ni dans un feel-good de plus, ni dans un roman de développement personnel impersonnel, mais dans une histoire touchante et chargée d’émotions. Si ce livre-là ne devient pas un film, ce serait dommage. Vive Émile et Joanne ! 

Ariane Bois

Mélissa Da Costa, Tout le bleu du ciel, Carnets Nord, février 2019, 654 pages, 21 €

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