Jean Burgos : Portraits enchâssés

                   

 

 

Jean Burgos, « Anamorphoses », Calliopées, Clamart,  21 €.

 

Jean Burgos dispose d’un actif littéraire et philosophique considérable. Et ce depuis l’Androgyne du Banquet jusqu’aux êtres en disparition de Beckett. Toutefois l’invention reste le ressort de ses nouvelles « anamorphiques ». Elles sont l’exemple parfait d’un style littéraire qui se perd : le décadentisme. Cette taille à façon  porte mal son nom : elle empêche néanmoins la pensée de se réduire à l’abstraction. L’écriture n’est pas son prolongement mais sa nature. C’est pourquoi de telles nouvelles sont des pépites ou plutôt des merveilles de cisèlement dans le genre florentin du grand siècle.

On ne peut donc être que séduit par des textes tels que « La Veuve » ou « Le Morosophe ».  Le dissemblable se marie au plus familier dans une forme supérieure de l’unité. L’écriture raffinée et teinté d’humour subtil met en présence de l’atmosphère du mythe comme de la « réalité » élégamment déplacée - mais juste ce qu’il faut. L’attraction d’un tel recueil en sa métaphysique hérétique  et sa métrique au cordeau tient autant de la connaissance qu’on y acquiert qu’au plaisir éprouvé. Jean Burgos s’y fait devancer par la chair sur les chemins de l’esprit (l’inverse est vrai aussi).

Jean-Paul Gavard-Perret

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