Léo Barthe dans les lupins de garenne

Lorsqu’il se métamorphose en Léo Barthe, le poète Jacques Abeille devient le radiographe de l’amour selon des fréquences aux modulations érotiques. Les rebelles au bois dormant n’attendent pas cent ans pour s’envoyer en l’air car elles ont mieux à faire.

Leurs ondes sensuelles restent, entrent en zone de flux sans le moindre complexe. Chaque chapitre du conte mixe l’état d’éveil et de rêve là où les corps semblent saisis d’une langueur ineffable. La magie impeccable du langage donne aux émois de la bergère beaucoup de noblesse. Même ses gâteries prennent des valeurs d’onction extrême : « C’est le sirop de la vie, je le voulais » dit l’amoureuse à son doux ami qui n’osait ni quémander une telle attention et qui espérer cependant une telle aubaine.

D’où l’aspect « roman courtois » de ce livre plein de sensations.
Tout est en finesse et qu’importe si en général les histoires d’amour finissent mal. L’objectif lune de miel ne connaît que le présent. Et Barthe sait appeler le corps un corps. Et leurs « bas » morceaux de même.

Bref tout est bon dans le cochon et sa charcutière. Pour autant l’étal est impeccable. La barbaque possède des senteurs de roses trémières et de lupins de garenne. La reine des prés étant des plus amènes son amoureux y apprend des détours licencieux aux voluptés secrètes.
Que de telles messes soient dites en de ces cérémonies secrètes lui suffit largement. Il se serait même contenté de moins.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Léo Barthe, Histoire de la Bergère, Le Tripode, octobre 2017, 160 p., 15,00 €.

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.