Au moins il ne pleut pas, de Paula Jacques : La vie devant soi

Solly, 14 ans et Lola Sasson, 15 ans, arrivent en Israël un jour de l’hiver 59. Orphelins de père et de mère après un accident de voiture au Caire, les enfants n’ont pas le temps de découvrir ce pays de pionniers. Leur souhait le plus cher : ne pas être séparés. C’est ainsi qu’ils fuient vers Haïfa, où ils trouvent refuge dans une grande maison ancienne composée de deux étages dans le quartier pauvre de Wad Salib. Magda, leur logeuse, en est le pilier et l’âme tandis que Ruthie, intellectuelle silencieuse, semble flotter entre deux mondes. Si Solly se livre à de petits trafics, Lola excelle à l’école et se prend de passion pour « Tante Magda » qu’elle observe en cachette.

 

Mais l’équilibre de la maison se trouve bouleversé quand Magda qui a connu les camps comme Ruthie est un jour accusée d’avoir été en fait une collaboratrice zélée des Allemands, qui battait les autres détenues en échange de menus privilèges. Bouleversée, Lola tente de mener l’enquête. Que s’est-il donc passé à Ravensbrück entre les deux femmes ?

 

Depuis Deborah et les anges dissipés (prix Femina 1991) Paula Jacques n’a pas son pareil pour décrire le Moyen-Orient et ses sortilèges. Dans Au moins il ne pleut pas, elle compose en fait deux livres : l’un sur deux orphelins qui doivent s’adapter à de nouvelles conditions de vie, et l’autre, sec et dramatique, qui mène l’enquête sur l’univers concentrationnaire. Le tout forme un roman au charme certain, sorte de fable humaniste sur le pouvoir de la conviction, la culpabilité des survivants, le regard de l’innocence, la nécessité de grandir et d’aller de l’avant.

 

Ariane Bois

 

Paula Jacques, Au moins il ne pleut pas, Stock, février 2015, 353 pages, 20 euros. 

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