Le Sang de la mariée de Laurent Scalese

LE SANG DE LA MARIEECe n’est pas si souvent que l’on tombe sur un polar de cette qualité. Avant les dix dernières pages, impossible de savoir qui est ce tueur de mariée. Les pistes se mêlent et lorsque l’on pense avoir enfin compris, un nouvel élément vient faire s’effondrer notre belle théorie. Un thriller, un vrai de vrai.

 

Laurent Scalese n’en est pas à son premier coup d’essai. Ce passionné de roman noir des années 30-40 et du cinéma anglo-saxon, avait déjà remporté un grand succès avec son précédent roman Le baiser de Jason (1) qui avait reçu le prix sang d’encre des lycéens. Il a également écrit des scénarios pour la télévision et le cinéma.


 

« L’idéal est toujours nettoyé d’un peu de réalité qui fait tâche»  (Alain, Définitions)

 

Dans Le sang de la mariée, il nous fait pénétrer au cœur du 36 quai des orfèvres. Nous y retrouvons Elie Sagane qui avait déjà mené l’enquête dans le Samourai qui pleure (2). Il est chargé d’enquêter sur un tueur en série en quête de l’épouse idéale. Le tueur enlève ses victimes, les séquestre, les oblige à revêtir une robe de mariée. Mais la cérémonie nuptiale n’aboutit jamais car la femme n’est jamais idéale (Messieurs, cela se passe de commentaires) : il finit par les violer et les massacrer avant de les abandonner en les mettant en scène. Elie Sagane est aidé dans son enquête par Morin Briard, son ami et collègue, et par Cécile Argento, une nouvelle venue au 36.


L’enquête piétine, les victimes s’accumulent : le modus operandi n’est pas lié à la mise à mort mais à la robe que les victimes portent.. Tout change lorsque le tueur s’attaque à l’entourage d’Elie Sagane. Le tueur a toujours une longueur d’avance, non seulement sur le commissaire mais aussi sur le lecteur : les suspects s’enchaînent, de parfaits coupables s’offrent à nous. Mais chacune de ces pistes est une impasse. Nous sommes tenus en haleine.

 

« Dans la nuit noire de l’âme, il est toujours trois heures du matin.» (Francis Scott Fitzgerald)

 

L’histoire est rondement menée, l’écriture est percutante et les rebondissements parfaitement maîtrisés. Au-delà du thriller, c’est l’anticonformisme des personnages qui retient notre attention. Elie Sagane porte le poids des horreurs qu’il côtoie tous les jours et d’une histoire familiale complexe. Un être humain et non le stéréotype du policier du jeudi soir. Sa dernière enquête n’est pas loin de le rendre complètement fou. Morin Briard est un ancien sportif de haut niveau, accro aux produits dopants cherchant à cacher sa dépendance. Transférée de la brigade des mineurs parce qu’elle s’identifiait aux victimes, Cécile Argento est à fleur de peau. Rien à voir avec un Navarro ou un commissaire Moulin, plutôt une sorte de Daniel Auteuil dans MR73, le dernier film d’Olivier Marshall (3). Le tueur lui, aussi timbré soit-il, ne fait que chercher la femme idéale, comme beaucoup d’entre nous finalement. Laurent Scalese, n’hésite pas non plus à tuer un de ces personnages principaux pour servir son histoire. Plus que des héros, les personnages de ce roman sont des êtres humains.


Julie Lecanu

 

Laurent Scalese, le sang de la mariée, Pocket, octobre 2007 (Belfond, 2006)

 

(1) Laurent Scalese, Le baiser de Jason, avril 2005, Belfond.

(2) Laurent Scalese, Le samourai qui pleure, avril 2000, Pygmalion.

(3) MR73 d’Olivier Marshall, sortie en salle le 12 mars 2008 : synopsis : un tueur en série ensanglante Marseille. Louis Schneider, flic au SRPJ, mène l’enquête malgré l’alcool et les fantômes du passé. Le passé resurgit aussi pour Justine. Ving-cinq ans plus tôt ses parents ont été sauvagement assassinés par Charles Subra. Schneider l’avait alors arrêté. Mais aujourd’hui, par le jeu des remises de peine et pour bonne conduite, Subra sort de prison. Cette libération anticipée va alors réunir Schneider et Justine, deux être qui tentent de survivre au drame de leur vie.


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