"Mr Monster" de Dan Wells, ou l'échappée belle d'un Jekill en liberté !

Après un délirant Je ne suis pas un serial killer
où nous suivions les efforts d'un jeune sociopathe pour brider le monstre qui est en lui, jusqu'au moment où il devait le libérer pour combattre le démon qui sévissait dans sa petite ville de Clayton, voici que le monstre commence a apprécier d'être libre. C'est un peu, après Holmes, l'échappée belle d'un Jekill en liberté !

John Wayne Cleaver ne parvient plus à lutter contre son propre démon, contre les pulsions de sociopathe qu'il a retenues si longtemps et qu'il a libérées comme arme pour combattre le démon. Maintenant, la porte est ouverte, le monstre est en lui, et s'il continue de lutter contre son plein épanouissement en appliquant les règles les plus strictes possibles pour une « hygiène de vie » — même si les entorses sont maintenant légion —, il sent bien que le combat est vain.

« Je ne maltraiterai pas les animaux […]. Je ne maltraiterai pas les gens. Quand j'aurai de mauvaises pensées envers quelqu'un, je les repousserai en disant quelque chose de gentil sur cette personne. Je n'emploierai pas le mot "ça" pour parler des gens. Je ne menacerai personne. Si quelqu'un me menace, je partirai sur le champ. »

Le monstre lâché va petit à petit prendre ses aises et surtout prendre le contrôle de John. Mais il reste méfiant, car l'agent chargé de l'enquête sur la mort du démon (mais seul John sait que c'en était un et pas le gentil petit vieux d'en face...) ne le lâche pas, le convoque sans cesse, jusqu'au moment où de nouveaux meurtres affreux apparaissent en ville. Des corps torturés, brûlés... et à chaque fois, John n'est pas loin, si bien qu'on va vite se demander si sa part obscure n'a pas pris le dessus et qu'il est devenu ce meurtrier. Il faudra plonger dans l'horreur la plus glauque pour comprendre qui est cet agent, et pourquoi le destin va faire de Jonh non pas un tueur en série comme nous l'attendons, mais un chasseur de monstres !

Un roman qui réussit, malgré un départ un peu poussif et quelques redites, à nous emporter au pas de course dans une folle aventure, entre trash movie pour adolescents et polar bien glauque. C'est (encore) jubilatoire ! 


Loïc Di Stefano 

Dan Wells, Mr Monster, Sonatine, juin 2012, 291 pages, 18,60 euros

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