Claude Minière : Qui donc sinon Pascal ?

Claude Minière donne un bon coup de pied dans les visions claustrophobes accordées à Pascal. Ici il est vivant. Et avant Mallarmé et par ses Pensées, il aura inoculé ses coups de dé en versets, canons musicaux, sentences suspendues dans ce qui ne fut - et par chance - que le brouillon de son "Apologie de la religion chrétienne.

Tout a été préservé – par cet mouture embryonnaire – de la verve de celui qui sut créer des illuminations scientifiques et verbales.
Il aura donc inventé la machine à calculer, les transports collectifs et le livre qui sera - selon Lautréamont-Ducasse son tapis de jeu par ce que ce dernier nomma la balance des contraires.
L'adepte des calculs et des démonstrations accorda à la croyance non évidente ses propres prédictions et hypothèses dans le jeu de hasard de l'existence de Dieu.
Son livre est en ce sens mallarméen là où il n 'y a qu'un point invisible qui soit le véritable lieu. Les Pensées seront en conséquence le lieu du lieu cher à Stéphane.
Mais contrairement à lui son coup de dés peut abolir le hasard pour peu qu'on ne soit pas trop regardant et chipoteur. Ce qui n'est pas le cas de Minière.

Il avance dans sa propre démonstration, n'hésitant pas à appeler à sa rescousse les créateurs qui ont saisi l'ampleur de la quête de Pascal. Minière s'éloigne de ceux qui ne virent dans ses notes qu'un fatras et se rapproche des voyants qui , tel Balzac ont compris – vues les immenses recherches de l'apologiste – qu'à deux pas des abîmes il ne pouvait se passer de deux chaises de chaque côté de la sienne.
Mais Minière de rectifier : non pas des chaises mais un feu de joie, la fulgurance, la nudité.

Preuve que le brasier brille toujours pour ceux qui restent entre deux infinis. Ils leur échapperont eu égard à la condition trop humaine de notre nature réduite et mortelle. Mais il était nécessaire de le rappeler là où l'auteur remplaça le saut au dessus du vide par une ascension propre au Pari où tous les gains semblent possibles.