Marcel Coen, excellent photographe

Quand je me remémore et retrouve Marcel, c’est sa grande modestie qui remonte et se présente en premier à mon esprit. Sa modestie et son humour allant de pair à vrai dire.
Si, le plus souvent, il s’effaçait volontiers – muet ou presque, en effet, sur lui-même –, il était par contre toujours très présent au monde, en perpétuel observateur attentif à son entourage et à son environnement plus ou moins immédiat. Aussi savait-il au quotidien – comme en son art raffiné de photographe – saisir au vol puis, de bon cœur, faire don à l’occasion, dans la conversation, du comique involontaire ou, tout aussi bien, du grotesque ou encore du surréalisme étonnant d’une parole, de l’insolite d’une situation, de tel moment de beauté éphémère, de la lumière intérieure irradiant d’un visage, tout comme de celle, prégnante, d’un lieu élu ou d’un paysage récemment découvert…
En même temps, pour cela, il racontait bien, sans rien forcer, avec esprit.

Sa photographie lui étant finalement, en tous points, un témoin intime très fidèle sur un large spectre de sujets à chaque fois imprégnés à cœur de rares qualités personnelles, il s’y révèle, par exemple, tout autant à l’aise et efficace dans l’atelier de Picasso ou de Gleizes que cheminant à la dure avec les rudes bergers et leur troupeau en amontanhatge vers les vastes pelouses d’altitude quand il ne côtoie pas, entre autres, le peuple gitan en fête autour de Sara la Noire aux Saintes-Maries-de-la-Mer…
Son bouquet d'adieu à la vie il le composa en couleurs et uniquement de fleurs du Midi.

Appelons donc maintenant de nos vœux une solide prochaine rétrospective et le bel album monographique qui ira avec !

André Lombard

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Marcel Coen, Les fleurs du Midi, Édisud, 1995, 159 p.-, épuisé

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