Zeruya Shalev, Ce qui reste de nos vies : l’amour à l’heure des bilans

La romancière israélienne a reçu le prix Fémina étranger pour Ce qui reste de nos vies, un roman magistral.

 

Il y a une vieille femme qui dans un hôpital de Jérusalem, attend sa dernière heure. Hemda ne vit plus que dans ses souvenirs, celui de son lac chéri prés du kibboutz où elle a vécu, mais aussi ceux de son veuvage précoce  après un mariage décevant. Tous les jours, par devoir, ses enfants Dina et Avner passent la voir.  La malade n’a pas  su les aimer, surprotégeant le fils, délaissant la fille. Est ce pour cette raison qu’ils répètent les mêmes erreurs dans leur vie privée ? Mariée à Amos, Dina se sent insatisfaite. Face à une adolescente qui s’échappe,  à un homme froid, elle veut adopter un enfant, malgré l’opposition  de ses proches. Avner, lui, ne supporte plus sa femme Salomé, sa première petite amie, mais souffre de ne plus voir ses enfants. Il tombe amoureux de Talya,  qui a perdu son amant, un homme marié, dans ce même hôpital.

 

Tous les personnages de ce roman-fleuve se trouvent à un carrefour. Ils doivent changer de vie mais ne savent pas comment. Autour d’une mère à l’agonie, chacun sent la mort qui rôde et se livre à un premier bilan, ressassant échecs et désillusions. L’usure du couple, les malentendus des sentiments entre enfants et parents sont au cœur  de l’ouvrage, récemment couronné par le prix Fémina étranger. L’amour y est vu comme  une névrose, un poison mais aussi un envoûtement, seul capable de réenchanter le quotidien.

 

Dans une langue puissante qui coule et s’entrechoque comme un torrent, l’Israélienne Zeruya Shalev, auteur à succès de Théra, Femme amoureuse et Mari et Femme, tous parus aux éditions Gallimard et publiés dans 21 langues, excelle à se glisser dans l’intimité des personnages, à exposer leurs failles et leurs doutes. Comment retrouver le goût de l’amour présent ? Un texte à portée universelle d’une beauté poignante.

 

Ariane Bois

 

Zeruya Shalev, Ce qui reste de nos vies, traduit par Laurence Sendrowicz, Gallimard, septembre 2014, 417 pages, 22,90 €

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