Minimalistes et astucieusement discrets les poèmes d'Étienne Paulin possèdent une puissance sourde. C'est un peu comme si  le regard se posait  sur une boite vide mais pour revenir à des questions fondamentales. Entre autres,  du "lieu du lieu" mallarméen.
Elles hantent obstinément. Il convient dès lors de savoir si nous pourrions tenir dans ce "là" ou à l'inverse si nous pourrions le remplir.

Existe donc toujours chez Paulin un levier pour faire voir ou sentir le désarroi, l'attente, la surprise, l'inquiétude. Il nous les fait partager. Sans doute à la recherche d'un nombre d'or. Cela permet au lecteur de revenir obstinément au peu qu'il est en un espace où il semble bien que les jours soient - sinon saignés - du moins laissé à blanc.

Ce Là est donc l'ici. Celui d'une empreinte en une géologie de ce qui fait et défait le corps en son rapport à lui-même, en son rapport à l’autre et au monde. "Là" où justement une existence défective, livide résiste  malgré une origine perdue et qui de toute façon ne console jamais de ce qui a été vécu ou le sera.
Si peu. Ou si mal.

Jean-Paul Gavard-Perret

Étienne Paulin, Là, Gallimard, octobre 2019, 72 p.-, 10,50 €