Alain Blottière : Léo the Last

Alain Blottière invente un récit tendre et émouvant. Le héros – Léo – vient d'emménager avec sa mère à Montmartre, à l'endroit même où Verlaine et Rimbaud se sont rencontrés et aimés cent cinquante ans plus tôt. Durant un été caniculaire de fin du monde, alors qu'il croit devenir aveugle, le garçon voit renaître le Paris des deux poètes et en fait son ultime refuge.

Le personnage est donc imprégné de deux ombres :
Il vit Rimbaud retirer sa veste et la tenir à l'épaule, prendre la rue de Strasbourg puis s'engager dans le boulevard de Magenta vers le nord. Cette fois, il lui semblait certainement que Paris déjà lui appartenait et qu'il n'allait plus jamais en repartir. Verlaine avait été empêché, devait-il penser, et l'attendait chez lui. Il lui avait donné son adresse, rue Nicolet, à Montmartre, tout près de la gare.

Celui qui se sentait vide et en souffrait tellement se laisse investir par ces présences. Elles deviennent une sorte de nécessité psychologique. Se crée  un processus d’identification qui découle des deux présences. Cette identification donne au personnage un caractère moins pathétique que touchant. Il ne supporte plus la futilité du temps présent. Et cet état mental fournit le ressort dramatique du roman.

Léo poursuit sa route à l'ombre des ombres qui lui donne la lumière. L'auteur, comme souvent dans ses livres, reste fasciné par les adolescents habités par une conviction, une passion.  De celles qui les mettent hors du monde tel qu'il est mais qui peut les emporter vers un art de vivre, un amour; le tout avec sensibilité et un certain romantisme.

Jean-Paul Gavard-Perret

Alain Blottière, Azur noir, Gallimard, janvier 2020, 160 p.-, 16 €
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