Colette Fellous : Kyoto Gate

Thèmes Roman

Colette Fellous a le don d'exprimer le désordre des émotions. Celles-ci résonnent dans une langue souveraine. Plutot que de disperser certains souvenirs comme elle le fit face à la Méditerranée, ici en revenant d'une terre étrange et étrangère elle crée un chant sous forme d’un voyage qui contiendrait tous les voyages : un désir, une brûlure, un élan souverain, une quête, une danse, écrit-elle.

C'est une manière de retrouver des scènes perdues presque anodines mais qui soudain reprennent sens : "tant que je serais vivante et que l’envie de marcher sans avoir peur me guiderait, je resterais à Kyoto, c’est en tout cas ce que j’avais décidé." Cette hypothèse non vague permet de retrouver bien des souvenirs qui depuis l'enfance ont forgé l'écrivaine et qui soudain s'imposent à elle.

Pour ce voyage elle n'est pas venue seule. Une petite fille de dix ans l’accompagne et lui permet de réanimer de manière particulière le passé : C’est elle qui m’a poussée à être là. Elle dit toujours que son chiffre magique est le 5 mais elle ne sait pas comment l’expliquer, régulièrement elle lance des choses comme ça, et moi je la crois. Et à partir de là tout peut recommencer.

Et ce, dans la saveur des moments et des mots tissés comme au point d'Alençon de manière impressionniste et expressionniste de la part d'une balladine du monde extrême-orientale pleine d'énergie et d'écoute. Le présent se déduit ainsi du passé. Au moment où ce que l'auteure estimait frivole et secondaire devient une manière de désobéir à une organisation rigide et étroite de l'existence.

Ce voyage lui permet de devenir une femme toujours plus libre. Accompagnée de la fillette, elle n’est pas la recluse en elle-même. Elle n'est plus réduite au rang de spectatrice passive dans le vaste théâtre kyotoïte où existent un superbe retournement et une ouverture.