Emmanuel Godo : savoir ce que l'on quitte – ou pas

Ce journal intime en vers libres est celui d’un homme en lutte contre ce qui pourrait bouleverser son existence et la briser" D'où ce partage entre ce qui le retient au passé et l'attrait de ce qu'il entrevoit devant lui. Néanmoins le passage ou le transfert n'est pas simple dans le désordre de la conscience du poète.

Godo voudrait croire à des destins adoucis mais il est trop lucide pour ça. Même les petits bonheurs ne viennent pas de manière idéale car dans le puzzle humain beaucoup de pièces sont noires. La paix est rarement au rendez-vous là où le doute rode.

Difficile pour le poète qui a connu bien des galères de retrouver l'enfant qui sommeillerait dans chaque pli de sa peau qui se tanne de plus en plus (âme comprise). Sans se faire plus malheureux qu'il est, Godo reste avec un goût des pas encore, de désaccords et des déjà tout qui rappellent parfois son homonyme héros beckettien...
Existe là une typologie  aussi intime qu'universelle en des composites et des hybrides. Seule la  poésie opère dans ce magma pour  dégager des lignes, moins de fuite que de recouvrement, et ce même si la terre existentielle reste trébuchet-prébuchant.


Godo y campe au confluent de l'inconfort et de la fulgurance. Prêts à partir en tentant d'éviter l'ajournement de trop.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Emmanuel Godo, Puisque la vie est rouge, Gallimard, mars, 2020, 152 p.-, 16 €
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