Pierre Notte l'anti-phallocrate

Le temps ne fait rien à l'affaire. Qu'importe les dates de naissance et les milieux. Vieilles ou jeunes, banlieue rouge ou chic, capitale ou banlieue, les petites victoires sont toujours possibles. Et les quatre femmes scénarisées par Pierre Notte en une journée et un lieu (un café) le prouvent. Elles ont traversé souvent les mêmes difficultés puisqu'il s'agit des membres d'une même famille.

Chacune à sa manière a dû affronter la loi des hommes, mais soudain une porte s'entrouvre. Pierre Notte ne prétend pas changer le monde, mais il le fait bouger par petits bouts d'amour ou de rencontres. Et les règles du jeu se mettent à changer un peu.

L'auteur possède la capacité (rare)  de se mettre à la place des femmes victimes des barbaries d'ordures internes et sociales. Et celui qui rapportait dans L'histoire d'une femme cette anecdote : J’ai vu un homme à vélo, se rapprocher d’une passante [...] je l’ai vu ralentir, lui mettre une main aux fesses, et repartir en riant. [...] Je me suis approché, je voulais lui demander pardon au nom de toute l’humanité des hommes, elle m’a rejeté, trouve un moyen de sortir des jeux de séduction, du machisme rampant et de la phallocratie outrancière.
Il se permet ici une sortie (ou une entrée) dans le rêve éveillé là où soudain le monde masculin ne se révèle pas que par son sexisme. Et ce parce que les femmes ne se confinent pas dans le silence. Elles osent parler et agir.

Si bien, qu'en rebond, peut se demander si le monde changera après la sortie de la crise que nous subissons.  Le doute est grand, mais l'auteur inscrit quelques possibilités eu égard à la lucidité du quatuor - du moins de certaines de ses membres.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Pierre Notte, Les petites victoires, Gallimard, mars 2020, 240 p.-, 19,50 €
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