François Sureau et Apollinaire : la recherche d'un absolu

Cette nouvelle collection de Gallimard s'ouvre avec le livre de son directeur. Car si François Sureau a connu beaucoup de compagnonnages littéraires (Pascal, Chateaubriand, Breton) il retient Apollinaire comme l'Ami même si parfois certains incidents de parcours existentiels l'ont éloigné de son champ d'attraction.

Sureau est un lutteur, son maître celui de l'acceptation. Existe néanmoins entre les deux un effet d'identification plus que de rapport maître/élève. Dès seize ans l'auteur voulait lui ressembler de tête, de costume et même de pipe. Sureau jure d'ailleurs chaque fois qu'il va arrêter le tabac mais c'est une promesse d'ivrogne.

Il y a donc en ce livre un Apollinaire par lui-même (pour reprendre la célèbre collection du Seuil) à travers celui qui le vénère. Ce livre comme tout ceux de Sureau est de haute qualité et d'exigence. Et c'est le plus bel hommage au poète qu'il découvrit par l'oreille à l'écoute des disques de Jean-Marc Tennberg.
L'auteur de Calligrammes appartient pour Sureau à l'ordre rare de "la littérature véritable". À savoir celle qui fait appel à des émotions simples. Et avec lui celles de l'amour, de la guerre, de la chaîne humaine et de leurs traversées.

Apollinaire porte témoignage de la tension, de l'élucidation et du salut au même titre que Defoe et quelques autres. Pour Sureau ce poète est celui de la grâce qui ne se quitte pas. Par sa propre trajectoire de vie il a compris l'importance d'Apollinaire et sa fidélité naïve à ce qui compte. Celui-ci n'a jamais fui. Bien au contraire. Il a voulu tout embrasser et ce dans un féminisme radical sensuel et spirituel très peu en vogue à son époque.

À la fois futuriste et passéiste, le poète demeure selon Sureau tout sauf binaire ou rétracté. Son cubisme fait de lui un moderne immortel. L'auteur a compris qu'avec un tel compagnon et comme il l'écrit, je pourrais apprendre comment consentir sans faiblesse, m’attrister sans me perdre, chercher sans me décourager.