Diane Chateau Alaberdina et la communauté inavouable

Diane Chateau Alaberdina franchit l'obstacle du deuxième roman avec succès. Car d'une situation classique (le triangle amoureux) elle tire une grâce qui ouvre sur l'inattendu par un bouleversement des "rôles".
L'auteure prouve que si tomber amoureux(se) peut aller de soi, question amour il faut parfois passer par des jeux de variations, de répétitions et de décalages. Celle de la nuit d'abord. Pour l'héroïne Sonia , elle a quelque chose d’électrique, d’impalpable. Toute la tension de la journée s’évanouit d’un coup. Les yeux deviennent lourds, les ventres se détendent. La sexualité prend une autre forme.
 
Cette jeune fille unique est élevée par sa mère dans une maison au bord de la forêt. Mais lorsque la seconde tombe amoureuse d’Adam, la relation fusionnelle entre les deux femmes est troublée.  Sonia vu son âge et sa solitude est forcément romantique et passionnée. Et le désir est d'autant plus fort qu'il est interdit.
L'écriture trouve ici un tempo qui n'a rien de mécanique.  Et les relations que les mots engagent créent une communauté inavouable. Sa formulation échappe aux normes jusque-là établies en des échos lacunaires ,en l’absence de certains repères et en des situations dont les sensations ne sont pas perdues mais inconnues pour la jeune fille. 
 
Que survienne un accès de lassitude ne change rien. Quelque chose avance sans relâche, se défait pour l'une - ou pour l'autre. Le reste n'est tout compte fait qu’un détail.
 
Jean-Paul Gavard-Perret
 

Diane Chateau Alaberdina, Paysages de nuit, Gallimard, avril 2022, 208 p.-, 18 €

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