L'autre histoire de Charles Daubas

Le procès des rats de Charles Daubas se déroule à Autun au début du XVIe siècle. Ce roman historique interroge aussi le rapport à l'animal. L'auteur rapporte qu'après cette épidémie de peste, on imagine que les populations étaient déboussolées par ses drames. Puis, c'est l'invasion des rats, face à cela l'évêché d'Autun reprend les choses en main par rapport à un chaos et une absence de sens ; ce procès pour tenter de mettre un peu de sens dans ce désordre généralisé.
L'auteur rappelle ainsi la coexistence de l'homme et l'animal ajoutant qu'au Moyen Âge, les animaux vivaient avec les humains dans les mêmes lieux et environnements, il n'y avait pas de séparation géographique. D'où ce rapport particulier et qui n'a rien à voir avec notre communauté avec nos animaux de compagnies – chiens et chats.

L'évêché d'Autun a convoqué les rats qui ravageaient les récoltes. Mais plus que déraisonnable ce procès est un moment où l'animal trouve paradoxalement une place perdue depuis puisque désormais il n'est plus sujet juridique mais un bien meuble. S'incarne donc de manière officielle la peur d'une population déboussolée au moment où les clercs veulent mettre de l'ordre.
Les rats ne sont pas les seuls pêcheurs. Un cochon voluptueux ouvre ce livre au moment où la cohabitation permet un prétexte à déverser de manière obviée des colères. Se mêlent ici des frontières entre les pâtures et la culture, les prés et la forêt, l'enfance et l'âge adulte, droit et liberté, le religieux et le païen, en des mouvements qui se mettent en place et dont le procès reste le prétexte là où la fiction permet d'élargir le temps.

Jean-Paul Gavard-Perret

Charles Daubas, Le procès des rats, Gallimard, mai 2022, 160 p.-, 15€
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