Pauline Delabroy-Allard : savoir – ou pas

Pauline Delabroy-Allard étend ici la notion de roman des origines même si avant d'être enceinte, Pauline l'héroïne ne s'y était jamais intéressée. Tout part non au moment de la naissance mais dans ses environs : J’attends que quelque chose se passe. Je crains, à tout moment, que ça ne fonctionne pas, qu’il y ait un problème, un chaînon manquant. Je ne vois pas comment cette opération pourrait se dérouler sans encombre. J’ai pris un numéro à l’entrée du service état civil, j’ai pris aussi mon air le plus désinvolte ; même si à ce moment là l'identité est en jeu.
Cette question devient pour elle cruciale. Et la voici à scruter les prénoms mystérieux de sa carte d'identité : Jeanne, Jérôme, Ysé. Il y a là en effet de quoi s'interroger. Et peu à peu au nom des siens et d'elle-même un récit drôle et grave joue entre fantasme et réalité.
La narration mène là où le lecteur pas plus que l'héroïne s'attendait à se retrouver : aïeule aliénée, ami de la famille disparu etc. mais là où s'empile les énigmes identitaires au lieu de trouver un socle de vérité se découvre la force de l'imaginaire, de la littérature et ses mensonges vrais qui ne trompent que ceux qui refusent de se laisser entrainer dans une communauté passée mais toujours agissante.

Jean-Paul Gavard-Perret

Pauline Delabroy-Allard, Qui sait, Gallimard, août 2022, 208 p., 15€
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