Surcouf, biographie du marin au destin hors du commun
La biographie sans cesse rééditée d'un marin au destin hors du commun
Michel Hérubel, disparu en 2003, est l'auteur de nombreux ouvrages tant romanesques que littéraires. Il nous offre ici une biographie du célèbre « corsaire de Napoléon », qui allie une certaine rigueur historique à un style enlevé qui confine au romanesque. L’ensemble nous donne une épopée passionnante qui couvre les vingt-cinq ans de la période révolutionnaire et impériale, même, brièvement, au-delà.
Une tête brûlée
Robert
Surcouf est né le 12 décembre 1773 à Saint-Malo. C’est un enfant qu’on
pourrait presque qualifier de « sur-actif ». Après avoir épuisé la
patience du collège de Dinan, il piaffe d’impatience jusqu’au moment où
il peut s’embarquer comme mousse, à l’âge de treize ans. Il se montre
enthousiaste et intelligent, brûlant les étapes de la hiérarchie marine
par son zèle infatigable. Surcouf bourlingue surtout dans l’océan
Indien, aux îles de France (Maurice) et Bourbon (La Réunion). A vingt
deux ans, deux armateurs de l’île Bourbon lui confient un voilier armé
pour la course : l’Emilie. Pour les néophytes, le corsaire est
autorisé par l’Etat à faire sa petite guerre personnelle contre les
ennemis de l’Etat, charge à lui de partager ses prises. Un navire
corsaire est doté de peu d’artillerie et d’un équipage important pour
capturer l’ennemi à l’abordage et pouvoir détacher un équipage chargé de
ramener le navire prisonnier. C’est une activité très risquée, certes,
mais très lucrative. Surcouf y fait preuve d’un courage, d’une audace et
d’une habileté surprenants. Il inflige des dégâts tels aux Anglais
qu’il participe de façon majeure au sauvetage des deux îles alors que
l’ensemble de l’empire colonial français s’écroule en même temps que la
flotte. La belle marine de Louis XVI disparaît dans la tourmente
révolutionnaire.
Une tête sur les épaules
Son
esprit rebelle vaut à Surcouf des problèmes avec les gouverneurs
successifs. Il se révèle vigilant sur ses intérêts. En 1801 Surcouf
repart à Saint-Malo, se marie avec la fille d’un riche armateur. Il
brille à Paris, obtient la Légion d’honneur, rencontre Bonaparte. Sa
fortune lui permet d’armer à son tour des navires pour la course en
association avec son beau-père. En 1807, il repart lui-même écumer la
mer des Indes. C’est la dernière fois. Il revient dans sa ville pour ne
plus naviguer, usé, grossi… Il se contente d’être armateur de corsaires
et d’obtenir la restitution de ses biens séquestrés par le gouverneur
Decaen, à l’île de France. C’est un homme devenu malade qui achève sa
vie en 1827, parmi sa femme et ses enfants, notable, à la tête d’une
entreprise de pêche florissante.
Au final un ouvrage intéressant
Le livre se révèle tout à fait agréable à lire, heureusement agrémenté de cartes (dont l’une détaille les manœuvres de la prise du Kent, exploit majeur de la carrière de Surcouf en 1800), d’un cahier central de photographies… On y trouve une chronologie sobre, un glossaire des termes de marine… On ne pourrait qu’y déplorer l’absence de développement de la seconde carrière de Surcouf, mais c’est la loi du genre, on a affaire à une biographie avant tout héroïque…
Michel Hérubel, Surcouf, Perrin, juin 2005 (1re ed. 1989), 286 pages
20,50 €
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