Jacques Cauda peintre des fondements

Jacques Cauda cultive un certain sens de l’envolée. Moins vers les cieux que celle des robes. Qu’importe si leurs étoffes sont déjà très parcimonieuses. A femme légère il faut la jupe adéquate.

L’engagement vers l’humaine condition prend dans la vie du peintre, détours, impasses et portes cochères. Cet apostolat sera considéré par les pisse-froid - dont l’outil ne servant qu’à des besoins d’évacuation est l’objet d’un certain désoeuvrement - comme une farce obscène.

Parfois Cauda pose des mots pour la déballer. Parfois l’abécédaire du sexe a besoin d’autres empreintes. A la cage sécuritaire de l’abstraction se substitue celle des escaliers d’une certaine rue près de la gare Saint Lazare (nous laisserons au lecteur le temps de la chercher entre deux trains en période de grève).
L’artiste invente l’imagerie parfaite afin que se déballent les bijoux (fussent-ils falsifiés) de famille. Il préfère l’outrance au réalisme. Ce qui donne plus d’acuité à sa peinture. Elle relève un grand défi : débarrasser le monde de sa misère par des "momicides" volontaires.

Les couleurs suintent. Mais elles ne sont pas les seules. Dans la terreur du faux-semblant le peintre ouvre les portes de certains programmes génétiques où la fièvre du samedi soir a lieu dès le lundi matin dans des vestibules. Certaines bonnes âmes se font tapisser le fond de la gorge par des tireurs d’élytres.
Tout est autorisé mais n’est pas forcément gracile. Car la vie ne l’est pas. Le parcours de certaines libérations de l’être ne ressemble pas à une partie de plaisir. Mais quand le vain est tiré il faut le boire. Cauda le montre en des images insolites et drôles. Qui pourra les surtaxer d’irréelles ? Ce serait mépriser la vie de celui qui plonge en apnée dans la réalité tout en gardant un imaginaire propre à grimper aux rideaux la tête la première.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Jacques Cauda, La vie scandaleuse du peintre, Les crocs électriques éditions, 2018.

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