Toi, le venin : Jacques Cauda d'un bout à l'autre

Jacques Cauda possède un sens et un goût certain du Jazz, de la littérature (Joyce, Pascal), de l'alcool, de l'amitié, de la pluie, du parapluie qui en protège et de la débandade. Même si dans son cas un tel mot n'est sans doute pas le bon.

Et le lecteur de s'accrocher à cette histoire (vraie) d'un Zorro d'inconduite. Qu'il montre son cul pendant un concert d'Antoine Illouz dans un Morrning qui n'était déjà plus très new, passe. Mais l'auteur ne s'arrête pas en une telle innoportune posture sous prétexte que ce soir là on ne pouvait voir la lune tant il pleuvait fort.

Torréfié de calva mêlé d'armagnac, l'auteur garde - un temps - la tête froide et salue au passage via Illouz son grand-père l'éditeur de la belle revue Transition où fut publié jadis Finnegans Wake où tout est atomisé plus que dans le free jazz.
Le musicien a fait le travail au cours d'un tel concert. Et à mesure qu'il perd un peu la tête, Cauda sait enfin ce qu'il devient ou du moins tel qu'il aime à se montrer. Du beat à la bite il n'y a - si l'on peut dire - qu'un pas sur la chaussée mouillée où l'auteur tituba. Il reste néanmoins capable de rappeler que, comme le jazz, le membre actif (ou non) n'est pas un art mais une nouvelle façon de vivre.

Bref, il existe dans le jazz et ses cauda, ce qui fit le poète et qui il est encore. Toi le venin, pourrait-on dire. Le toutim à travers une expérience musicale hors norme. Et comme Jacob fut transformé par Yahvé en Israël, le voici non comme il était mais comme il devint : un devin veines et noeuds.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Jacques Cauda, Da Capo al Coda, coll. Troglodyte, L'âne qui butine, Mouscron, Belgique, 2020

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