Du facteur-poète Jules Mougin à messire Lucien Henry

Il n'en faut pas davantage à Jules que le bon prétexte d'écrire une simple adresse postale sur une méchante enveloppe pour que l’œuf de la poésie en profite aussitôt pour éclore tout de go sous sa plume !
Un croissant de lune en guise d'accent grave et pas de a majuscule, un messire vieillot exprimant cependant un éloquent respect, le L de Lucien en reptile charmé sorti de son panier d'osier, puis l'humour tout à fait à la Jules d'un jeu de mots pour le moins bien trouvé, assez équivoque en même temps que précisément historico-biographique...
Voilà qu'il ne s'agit encore là que d'une sorte de préambule !
Sur ce même ton, ce même registre ou peut-être un autre, quels propos pouvaient-ils donc bien être exactement ceux d'une telle missive ? Heureux Jules de l'avoir écrite, j'en suis sûr, heureux Lu, tout autant, de l'avoir reçue !
Maintenant, allez donc savoir pourquoi le rituel Merci facteur ! traditionnellement claironné haut et fort dans l'angle droit ou gauche supérieur n'apparaît point ici ; ce qui n'est sans doute pas un pur hasard, ni un oubli coupable : courrier cette fois tout spécialement confié à un ange familier ou à un amical démon de passage pour être directement glissé à la boîte du bureau de poste de la place forte du seigneur de Forcalquier ? L'un ou l'autre messager ayant été missionné tel matin à l'improviste, tout là-haut – Jules et Jeanne y connaissant vraiment chacun, chacune, et tout le monde à la fois à l'époque ! –, du côté de leur commune et peu commune Jérusalem céleste : le bienaimé petit village perché de Revest-des-Brousses !
Tout un chaleureux passé renaît en tout cas ici avec force par la grâce insigne d'une adresse manuscrite valant signature sur cette enveloppe sinon, par elle-même, des plus ordinaires, qui fut visiblement ouverte du doigt à la hâte parce qu'il y a bien des choses et autres qu'il ne faut – n'est-ce pas, et surtout entre amis – pas laisser un tant soit peu refroidir !

André Lombard

Articles connexes :
Les petites fenêtres de Lucien Henry
Portrait du facteur-poète Jules Mougin
Rendre à César (ce qui est à Jules)
Sacré Jules, César, Antonin !
Du facteur-poète Jules Mougin : Absolument !

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.