Emma Doude van Troostwijk : Dies irae

Tout se résume ici en cette phrase de la narratrice : Il ne faudrait pas dire nature morte. Il faudrait dire vie silencieuse. Et l'auteure, metteure en scène de préciser son but : Je voulais raconter ça, l’histoire d’une famille de pasteurs qui perd la mémoire. Traiter d’un drame, avec le plus de lumière possible.
Et ce, au cœur  d'une famille vouée à une forme de contemplation. L'auteure décrit le cercle de famille sans complaisance et par courts fragments : Je suis installée de biais, de manière à ne voir du visage de Opa que la haute crête du front plié, la vallée s’étendant du creux du nez jusqu’à l’œil gauche, la rivière des lèvres. La peau pendante de son cou qui rougit, transpercée par le faible soleil du mois de mars.
L'attente avant que le drame éclate et que la narratrice propose sa version implicite de Famille je vous hais. Elle passe des heures à regarder son père s’assoupir et se réveiller, veille à changer l’eau de la cruche 500 ans de la Réforme et compte ses cachets. C'est beaucoup pour une seule et jeune  femme.
Les cloches ont beau sonner l'heure du culte pour y engoncer le pater familias et ses ouailles. Rien n'a lieu que ce lieu où tout passe. 

Jean-Paul Gavard-Perret

Emma Doude van Troostwijk, Ceux qui appartiennent au jour, Minuit, janvier 2024,  176 p.-, 17€

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