Chez Josseline Chourry l'imaginaire n'est plus marquée du sceau de l'interdit mais crée un nouveau genre. La transgression et la subversion prennent d'autres voies. Le contexte réaliste et/ou ludique semble en désaccord avec le sujet même de la monstration.
Sous le mythe et les légendes – même celles dont on ignore tout mais qu'au besoin Josseline Chourry invente – se creuse la ténèbre. À la place de ses ombres se dessine un monde des voyages impossibles et des succulences inédites.
En nouvelle Jonas l'auteure a compris qu'elle pouvait, et pas forcément dans le ventre d'une baleine mais par la force de sa pensée, inventer ses propres univers parallèles et ses enchantements particuliers.
C'est pourquoi ces deux livres sont plein de promesses dans une succession de traversées des miroirs (même quand a priori et au départ toutes les pages sont blanches), ce qui n'empêche pas en parallèle et non par contumaces d'approfondir des pensées que les philosophes ont oublié  mais qu'une petite fille sait faire partager.
Le tout dans le pouvoir d'expression de ces deux livres de charme (au sens premier du terme) puisque Josseline Chourry instruit des aventures inédites que le métavers lui-même ne construira jamais en dépit de ses annonces. Il faut mieux faire confiance à une poétesse. C'est pourquoi il faut dévorer en toute équanimité ce qu'elle nomme élucubrations.

Jean-Paul Gavard-Perret

Josseline Chourry, Nouvelles d'Outre-là & Voyage au pays de la succulence, Publibook, juin 2023,  86 p.- et 148 p.-, 12€ et 15€