Frédéric Forte et la poésie sandwich

                   


Une tranche de pain (vers comptés sans ponctuation en partie I), en symétrie : une autre tranche (des poèmes visuels, hyper ponctués et avec dessin, partie III). Au centre en « jambon » une masse verbale de deux pages. Tout ça - et du moins en théorie - pour le dérèglement du sens à 360°  en hommage plus ou moins téléphoné à Deerhoof groupe de rock indépendant américain créé en 1994 et riche de treize albums aux genres variés : punk, expérimental et électro mais dont la musique - comme toute musique - ne combat rien sinon le silence.








En hommage aussi à Jacques Roubaud (ce qui n’est pas forcément une référence) l’auteur propose un Haiku généralisé et oulipien. Cette globalisation en fragments et laborantine n’est pas des plus réussies. Elle casse l’économie générale du texte et son éclatement verbal. Il fait pschitt. Le rapport formel est à la fois trop léché et trop lâche. Celui qui est influencé par la culture japonaise (entre autre par la voix de la chanteuse nippone du groupe) fait de la poésie une mécanique plus ou moins truquée au nom d’une gymnastique formelle superfétatoire. N’est pas oulipien qui veut.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Frédéric Forte, « Dire Ouf », P.O.L éditions, 2016, 96 p., 11 E.

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1 commentaire

JT'enmerde

Cher Monsieur Gavard-Perret,


Je vois que vous n'avez apparemment pas aimé mon intervention dans l'émission Poésie et ainsi de suite du 9 décembre sur France Culture (ce que je peux tout à fait comprendre), puisque votre critique porte moins sur la lecture du livre lui-même que sur ce que j'en ai dit ce jour-là. Par une extraordinaire coïncidence, deux de vos homonymes, Jean-Paul Gavard-Perret et Jean-Paul Gavard-Perret, ont eux aussi fait la critique de Dire ouf. Le premier sur Sitaudis, le second sur lelitteraire.com. Critiques plutôt positives, en tout cas très différentes de celle que vous rédigez ici.
Je ne reviens pas sur le fond de votre propos : vous avez tout à fait le droit de considérer que ma poésie est "plus ou moins truquée", que Jacques Roubaud n'est pas "forcément une référence" ou que "n'est pas oulipien qui veut" (et c'est vrai, il faut pour cela être coopté par l'Oulipo sans jamais avoir demandé à y entrer). Cela vous appartient.
J'avoue, par contre, avoir du mal à comprendre – si, comme je le crois, vos deux homonymes et vous ne faites qu'un – comment vous pouvez faire d'un même texte des lectures si divergentes. Vous avez le droit de changer d'avis, me direz-vous, et vous aurez raison, cela aussi vous appartient.
Je trouve cependant regrettable que vous ne renvoyiez pas ici, pour l'édification complète du lecteur, à vos deux autres critiques et, surtout, que vous ne formuliez pas la raison première de ce nouvel article (une réaction à mes propos entendus à la radio), ce qui peut laisser croire, par exemple, que mes explications formelles notamment sont contenus dans le livre alors qu'il ne s'agit que de certaines de mes réponses aux questions de la journaliste.

Je n'ai pas l'habitude de réagir aux critiques, bonnes ou mauvaises, mais puisque vous m'avez fait l'honneur d'écrire 3 fois au sujet de Dire ouf, je me laisse aller à ce commentaire. J'espère que vous comprendrez mon étonnement.

Cordialement,
Frédéric Forte