Liliane Giraudon et les femmes d'exception

Liliane Giraudon prouve comment Penthésilée  – reine des amazones  – rappelle ce que font les femmes à la poésie après des siècles d’effacement, d'interdictions, de fin de non-recevoir de leurs langues et de leurs mémoires.
Et ce par des stratégies de pillages, détournements, inventions, découpages. Si bien que ce long poème est une déclaration de guerre de celles qu'on voulut de guère et de vies jetées.

Il y a soudain comme un échange d’ADN entre les corps des femmes et ceux qui  voulurent les réduisant à des oiseaux que les prédateurs chassent. Les  femmes sortent du bon usage des mots et des droits de cuissages poétique.  Elles s'envolent en un art accompli du "négatif" pour montrer que ceux qui enflaient jusque-là des chevilles en prétendant que leur écriture regorgeait de gingembre et de bois bandé ne sont que des ersatz.

Jaillissent une thermodynamique des mots et des figures de style. Il n'est plus conseillé à ceux qui se croient poètes à la place de leurs reines de repeindre leurs silhouettes en une emphase dérisoire.
Quelque chose de bouillant  et de brouillant se produit et  donne le vertige. La poésie est là sans fioritures, ni bleus à l'âme mais avec crachats ou contrepèterie.  Liliane Giraudon s'exécute et n'y va pas de main morte, elle avance.

Jean-Paul Gavard-Perret

Liliane Giraudon, Polyphonie Penthésilée, P.O.L éditeur, décembre 2021, 144 p.-, 18 €

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