Chronique d'hiver de Paul Auster

Depuis l'Invention de la Solitude, ce texte magnifique, Paul Auster alterne les romans et les récits plus personnels. Avec la Chronique d'hiver, il renoue à la fois avec ce genre et avec cette qualité testimoniale rare, en y ajoutant une dimension : le temps qui est passé. 

Se détaillant dans les moindres détails à la seconde personne — mode narratif d'une incroyable dangerosité mais d'une belle efficacité quand c'est Paul Auster qui développe son écriture si maîtrisée —, Auster donne le roman d'un corps, depuis l'enfance (6 ans) jusqu'à l'âge avancé de l'écrivain (64 ans). Toute cette enquête sur ce moi incarné,  et son évolution, révèle la question qui a tracassé Auster toute sa vie : quand renoncer aux rêves de devenir un personnage extraordinaire pour se satisfaire d'être juste un homme ? 

Vingt ans après Carnet rouge, et en en reprenant certains épisodes, Chronique d'hiver se compose de fragments comme une mémoire qui se parcours elle-même et tente d'appréhender le plus simplement possible le moment attendu par ce corps qui a tant vécu : la mort.

Parfois un peu fastidieux dans ses énumérations, Chronique d'hiver est le très beau récit d'un homme qui ne se ménage pas et dresse le portrait universel et simple d'un homme lucide devant le temps. 

Loïc Di Stefano

Paul Auster, Chronique d’hivertraduit de l’anglais (USA) par Pierre Furlan, Actes Sud, février 2013, 256 pages, 22,50 €

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