Résistances : Jean-François Dalle-Rive

Jean-François Dalle-Rive est un photographe bien trop méconnu. Issu d'une des premières promotions de l'École nationale supérieure de la photographie il poursuit depuis 40 ans un travail d'exception qui pourrait se synthétiser par le beau mot de résistance.

Au temps tout d'abord. Héritier de Cartier-Bresson qu'il met au sommet de son Panthéon mais aussi de Josef Kudelka, Robert Franck et proche de l'esprit Magnum, il se revendique comme photographe ré-humaniste et s'oppose aux approches conceptuelles. Son objectif est de saluer les hommes souvent oubliés des campagnes.

Il photographie dans ce but les fêtes et cérémonies paysannes et parfois citadines : Onze novembre, petits cirques, bals, fêtes foraines et foires - surtout celle de Beaucroissant où il revient chaque année dans une série qui retrace le passage du temps.

La civilisation des loisirs prend chez lui un "tour" particulier. A la fois par les réunions champêtres comme, et à l'inverse, dans les centres commerciaux devenus des temples païens. Et ce, en particulier lors des fêtes de fin d'année (A la recherche du père Noël).


 

Le photographe coud le temps entre passé et présent. Il en fait son allié et son sujet afin d'en tirer ce qui résiste ou parfois disparaît.

Résolument adepte de l'argentique et faisant lui-même ses tirages (eu égard à ses études de chimie entre autres) il dérange les idées reçues et crée un inconfort poétique en sachant prendre toujours la bonne photo : elle précède presque instinctivement de quelques secondes celle que tout photographe lambda tente de capter.

Preuve que la photographie est un travail de lenteur qui permet paradoxalement de telles prises par anticipation.
 

Récemment J-F Dalle Rive a exposé Jours de foire à Beaucroissant (en 1018 et 2019), Le regard d'un spectateur à l'Orangerie du domaine Paul Claudel à Brangues (2019) et Album des rencontres d'Arles (2019).

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

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