Stéfanie Renoma, sans innocence et sans culpabilité

Les femmes de Stéfanie Renoma font parfois mine de jouer les poupées et parfois les charpies. Elles sont orchestrées moins pour d'intimes épousailles que pour aguicher le voyeur et l'inciter vers des dérives impeccablement mises en scènes.

En clair-obscur et à claire-voie la femme est à la fois là et loin. Existe là la persistance de lucioles. Elles créent des trous dans le ciel et le remplacent. Un piège se referme sur les poncifs renouvelés et déplacés par la magie de telles évocations.

Chaque prise spectacle interroge la démarche même de toute création sans que cela ne soit pesant puisque cette problématique fait elle-même partie du projet grâce à une manipulation subtile de la photo dite de charme mais qui dépasse un tel genre. Le but est de faire exploser de l’intime loin des codes de l’érotisme classique. D’où l’hybridation de poses qui jouent du bas vers le haut.

Le regardeur est plongé au sein d’énigmes réalistes mais oniriques à travers un expressionnisme très personnel. L’artiste détache ses modèles du plomb qu'on attache à leurs chevilles. Dès lors une assomption a lieu dans des injonctions du désir.

Le monde de l'artiste pourrait donc être inquiétant : de fait il est suave. Surgit soudain des profondeurs du champ et par la magie du spectacle le subconscient de la  photographe vers une plus juste image des femmes qui ignorent le vice et la vertu. Pour elles ces mots restent vide de sens.

Eros n’est jamais en berne. Bien au contraire, Il est là qui remue de plus en plus à travers des images fixes. Il ne s’agit plus de montrer le corps mais ce qui l’agite là où – plus que de se rincer l’œil – il convient de mesurer ce qui échappe au delà de son iris

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Stéfanie Renoma, Contes & légendes, Studio Harcourt du 1er au 30 octobre 2019

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