L'exotisme inversé d'Omar Victor Diop

Omar Victor Diop renverse la notion d'exotisme ; le lointain devient proche et le proche lointain. Le tout dans ce rapport de  Deauville à Dakar et retour. Ces images, c’est ma réalité. Je vois Dakar partout car j’ai Dakar dans mon cœur et dans ma tête tout le temps."écrit le photographe sénégalais dont la  série Odysseia fut la première restitution d’une déambulation  à Deauville. 
Elle continua par la réalisation d’un livre sur cette belle ville avec  la salle de théâtre, le spa, le cheval, la plage. Toutes ces images sont autant de sections du livre.
Le photographe a fait de cette superbe cité un studio à ciel ouvert dans lequel il a pu mettre en scène une mythologie personnelle et une réflexion sur la notion du voyage.
Il se pose à ce propos la question : est-ce que je pars vraiment, est-ce que c’est mon corps qui part et mon appareil photo ou alors est-ce que j’emmène Dakar avec moi partout où je vais ? Existe pour autant aucune mélancolie en des mises en scène colorées où s’inscrit l’héritage de la photographie de studio africaine.
Le photographe répond ainsi à la question : Qu’emportons-nous dans les compartiments capitonnés de nos valises sentimentales lorsque nous voyageons ? Quittons-nous vraiment les lieux d’où nous venons, les êtres qui nous sont chers ? Ou plutôt, les emportons-nous avec nous, soigneusement emmitouflés dans le velours de notre mémoire ? .  Toutes ces questions deviennent celles sur la dimension intime du voyage  à partir des grandes photographies où Omar Victor Diop décuple le potentiel imaginaire  des lieux emblématiques de Deauville. 

Jean-Paul Gavard-Perret

Omar Victor Diop, Deauville, édité par Laura Serani, coll. Fashion Eye, éditions Louis Vuitton, novembre 2023, 120 p.-, 55€

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