Sylvie Aflalo-Haberberg & les différentes
Cette série travaille la nudité selon une modalité particulière. Sont montrées les femmes qui - normalement - demeurent cachées pour cause d'obésité, bref de quasi "anormalité" selon certains critères sociaux.
Les modèles ont toutes répondu avec plaisir à la photographe car elles trouvèrent là une forme de reconnaissance. Elles prirent la pose pour affirmé leur féminité et leur sexualité. D'autant que pour éloigner tout effet malsain ou pervers Sylvie Aflalo-Haberberg a créé une forme d'épure par son art du flou qu'elle domine parfaitement. Elle reprend la question de ce que la nudité cache et/ou montre en ses enjeux. Le nu n'est plus traité en sur en chair mais devient une forme d'idéalisation chorégraphique qui fascine par sa beauté.
La prétendue obscénité est donc effacée en devenant forme plus qu'objet. Montrer le nu revient à honorer un réel évacué et apprendre à grandir par ce qui émane des mouvements fixés de corps enfin délivrés.
La série devient une œuvre plastique voire presque morale entre recherche et rêve. Ici c'est bien L'Ange et non La Bête qui revient sans que son corps soit une simple idée ou masse. La photographe crée une absolu beauté dégagée des tabous et doxas entre métaphorisation et littéralité. Sylvie Aflalo-Haberberg réapprend à ouvrir les yeux et de ne pas se contenter de jouir de stéréotypes. C’est le luxe de photographies qui ne sont pas nues : elles sont dépouillées en leurs jeux d'ombres et de lumière et où ce n'est plus un plein mais un vide qui soudain est comblé.
Jean-Paul Gavard-Perret
Sylvie Aflalo-Haberberg, Ce que tu me voiles, novembre 2023, 204 p.-, 39 €
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