S'appuyant sur plus de 100 pièces des collections photographiques de la Bodleian Library et de l'Ashmolean Museum de l'Université d'Oxford, ainsi que sur des œuvres d'art comparatives, ce livre célèbre une collection qui illustre l'évolution esthétique de la   photographe Julia Margaret Cameron. Elle est connue pour ses portraits de Victoriens célèbres comme John Herschel, Alfred Tennyson, Henry Taylor, Ellen Terry et Julia Stephen...
Ce livre révèle à quel point la photographe était convaincue des possibilités poétiques de son médium par un art de la suggestion plus que de la littéralité afin de sublimer la beauté.
Cameron est née en Inde, son père y étant employé de la Compagnie des Indes orientales avec sa femme, Adeline de I’Étang, une descendante de l’aristocratie française. Arrivée en Angleterre avec sa famille, elle était au début de la trentaine lorsqu’elle s’est lancée dans une vie sociale bien remplie et a repéré en parallèle les premières innovations dans l’art de la photographie. Dès 1864, elle réalise des portraits à l’aide d’un  gros appareil photo en bois pour produire des tirages à l’albumine à partir de grands négatifs sur plaque de verre.
Elle a de la sorte  élargit sa conscience esthétique en tenant compte du cadrage et de la disponibilité de la lumière et de l’ombre. Elle s'éloigne ainsi de la photographie de l’époque victorienne dont le but se réduisait à documenter pour la postérité une image flatteuse de  famille aristocratique.
Cameron, s’intéresse bien plus  aux qualités intrinsèques du visage qui pouvaient être révélées par la photographie en gros plan même si ce terme est encore inconnu à l'époque. Elle a montrer avec  ses extraordinaires illustrations des Idylles du roi et autres poèmes de Tennyson,  sa fascination pour le lien artistique entre la poésie et la photographie.

Jean-Paul Gavard-Perret

Nichole J. Fazio, Julia Margaret Cameron. A Poetry of Photography, Bodleian Library, 2023, 256 p.-, 73€