Daniel Blanchard : Amarcord

 

Dans les haihus de Blanchard, nulle odeur d'éther ou de térébenthine mais des voûtes pailletées, des ombres et  des trouées, là où, les mots tombant comme les feuilles d’automne, le temps oblige à comprendre (enfin presque) ce qu’est la vie.
Le cœur y bat sans virus de mort mais en pulsion - même si en novembre la nuit chute très vite…

Qu’importe la paroi des nuits : le poète reste léger. Le haiku y engage.
Car il déplace les lignes en ses vagues où s’accomplissent des mesures où des fils ténus d’une logique admise se brisent et que jaillissent un lux in tenebris avant que nous basculions dans les ombres éternelles.

Quant aux arbres morts de Farhad Ostovani, ils précisent l'histoire du labyrinthe de l'être. Ils rappellent s que l'homme quoique amoureux sera toujours moins ailé qu'un Dedalus joycien.
Mais cela n'enlève rien au plaisir d'avoir été, de s'en souvenir de manière moins médaillé mais plus habité qu'un ancien combattant par des amours ancillaires.

À l’image votive le poète préfère celle qui agace encore, qui "inter-loque" entre "deux bras d'eau vive". Ceux de la femme. Elle seule peut ou pourrait mettre à mal la caresse mortelle de la grande nuit perpétuelle. Il convient de garder - au moins - le reflet de l'existence de la première pour l'essence du demain même si à mesure que le temps passe la "pensée cherche ses mots".
Blanchard refuse qu'ils ne soient que des bandelettes pour anges.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Daniel Blanchard, Bruire, dessins de Farhad Ostovani, L'Atelier Contemporain, octobre 2017, 72 p., 15 euros.

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