Céline Walter et l’impossible baiser

Céline Walter poursuit sa quête de l’identité féminine à travers une figure de l’empêchement, de l’impossibilité et du manque dans une fiction paradoxalement rayonnante afin de sculpter une forme de ratage sublime.

L’auteure crée une marge et une marche forcées de l’amour et où ses ressorts s'articulent entre narcissisme et altruisme. Pour faire la lumière sur les sentiments l’auteure se sert de ses commutateurs d'une façon inhabituelle et en une sorte de délectation presque masochiste là où l’objet du péché de chair et d’âme reste de l’ordre du présupposé.

Céline Walter désordonne et exalte la structure du manque non sans ironie mais sans ostentation, ni exhibition. Nulle doctrine, nul préliminaire gouvernent ce récit d’un déchirement par omission.
On ne peut donc pas parler chez elle d'ambiguïté au sein d'une histoire qui ne se veut pas un drame mais une attente : elle est créée afin de pousser la connaissance du manque au-delà des convenances.

L’auteur souligne ce qu'il existe de fascinant, d'opaque, d'inépuisable dans le sentiment qui d’une certaine façon est et n’est pas. Il tient d’un monde désert plus que d’une histoire sanglante. Un texte en appendice (Sauve) confirme le récit premier.
L’auteure ne théâtralise rien là où le poids d’un tel sentiment se leste en ce contexte, du vide plus que d’un plein.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Céline Walter, Si, éditions Tarmac, Nancy, 2018, 44 p., 12 euros

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