Notes et contre notes : Denis Ferdinande

Denis Ferdinande avec ses Astéroïdes crée un jeu d’écho : chaque texte y devient prétexte et pr-étexte à une note (signalée par un astérisque). Parfois elle précise un mot ou une phrase parfois la note elle-même. Et celle ci peut même devenir postérieure ce vers quoi elle renvoie. C’est dire tout le jeu de mise en abyme.

La note ne remonte pas forcément au texte mais anticipe son futur non en un principe de précision mais d'incertitude. Il arrive même (p. 17 par exemple) que le texte lui-même s’insère dans la note. L’angle habituellement mort d’un texte devient sa fantasmagorie et son centre.

Astéroïdes avance d’un bunker à l’autre dans ses amoncellements de cubes. Si bien que le livre tient plus de l’idée et d’un volontaire faux-semblant à l’épreuve du temps et d’une vie qui flotte entre ciel et terre comme entre les notes et leurs textes.
Denis Ferdinande ouvre certainement des portes par une telle littérature programmatique. Néanmoins en dépit de son ambition cosmologique l’ensemble manque sinon d’envergure du moins de fièvre. Les méandres de l’écriture finissent par lasser en une sorte de faux rythme. Si bien qu’entre les deux types de textes nous restons comme dans un vestibule.

Certes le parcours de certaines libérations de la littérature ne ressemble pas forcément à une partie de plaisir. Et quand le « vain » est tiré il faut le boire. Mais il manque sans doute à une telle entreprise un peu d’humour.
Certes ce n’était pas le propos de l’auteur : toutefois à surtaxer le réel d’irréel quoique sans mépriser la vie, le lecteur plonge parfois en apnée dans cet imaginaire qui tourne un peu sur lui-même.

Jean-Paul Gavard-Perret

Denis Ferdinande, Astéroïdes, Atelier de l’Agneau, St Quentin de Caplong, 2018, 82 p.-, 16 euros

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