Eric Brogniet : sombres destins

Dans son superbe chant tragique Eric Brogniet mêle le destin d'une artiste "scarifiée" et emblématique (Marilyn Monroe) et ses "victimes" consentantes : à savoir les spectateurs du monde soumis à la puissance de feu d'une artiste qui mourut sous ses propres cendres.

"Glaïeul rouge, épiderme neigeux", l'actrice fut la victime d'un système hollywoodien fait pour nourrir de manière frelatée nos imaginaires. Norma Jean devint celle qui lui permit de renouveler ses poncifs et se soucia peu de la fragilité psychique de l'ondine.
Brogniet pour l'évoquer évite les laïus, tranche net et dit son fait aux créateurs de mythes qui transforment la chair en viande et l'imagination en peau de hareng à travers divers exercices pervers d'infantilisation.

L'ensemble et souligné subtilement par les interventions plastiques "cinématographiques"  de Thierry Wesel.

La vie de la comédienne est remontée sans souci chronologique. Il s'agit en fait de montrer le desssous des cartes et les affres de la "métaphore sexuelle" qu'incarna Norma Jane.
Qui ne se souvient pas de la bouche de métro dont le souffle souleva "ainsi qu'une corolle de parachute / Le fin tissu virginal bien au-dessus de ses cuisses" ?

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Eric Brogniet, Bloody Mary, Le Taillis Pré, février 2019, Châtelineau (Belgique), 100 p.-, 14 euros

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