David Besschops : l'un dans l'autre

Être deux (en soi-même) est le seul moyen de prouver que l'on existe. Du moins pour le narrateur de cet "orgasme sur la tête" que certains traiteront de fou. Sauf qu'un tel "aliéné" - à l'inverse de nous - ne maquille pas sa vie et ses manques. Il fait avec en un soliloque du sage.

Besschops propose ou provoque une interrogation philosophique en nous emportant sur la nef de son fou. Grâce à "l'idiot planté au milieu de langage" ce n'est: au contraire pas Erasme qui est assassiné. Il revit au contraire.

Le ruban de ses mots, un tel "demeuré" le tire pour sortir d'étranges poissons du bain de la langue et de la vie. Mais le narrateur se veut ni pêcheur, ni beau parleur. Il préfère un soliloque de schizophrène. En cela il s'efface - ne parlant qu'à lui-même puisqu'il y reste empêtré. Mais cette parole apparemment fermée casse jusqu'à notre propre moi afin que nous échappions à notre perte.

Celui qui ne s'exprime qu'au cul des vaches, tranche tel un nouveau van Gogh les oreilles. Et pour lui il n'y en aura jamais à couper. D'où le désespoir qui le hante mais qui permet à son discours de se poursuivre.
Il est d'une vérité que peu savent apprécier. A moins d'être tenus pour fous et protégés des autres par les murs d'un asile.

Jean-Paul Gavard-Perret

David Besschops, Avec un orgasme sur la tête en guise de bonnet d'âne, éditions Boumboumtralala, Liège, février 2017

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