Julien Boutreux : la poésie au rasoir

Julien Boutreux est un ambitieux : il cherche les signes de la déesse blanche / celle d'un temps où les hommes ne mouraient pas / Parce que la mort était trop belle pour qu'on la touche.
Mais Boutreux est aussi un modeste : il dit écrire des conneries afin de s'exonérer de ce que les autres disent voire de certaines voix qu'il entend sans pour autant devenir un psychotique.

C'est juste la problématique ou la problématique juste d'un livre qui lutte contre le temps et donc la finitude. L'auteur coupe ainsi l'herbe sous le pieds de la poésie des bobos qui occupent 98% du désert poétique actuel.
C'est donc en désaxé et étranger qu'il s'exprime face à un certains désespoir. Il s'affiche dès le premier texte de livre est ses identités remarquables.

Frère parmi ses frères il ne s'interdit jamais de se pencher à la fenêtres qui donne sur le vide. Bref il ose tout -  même de ce que la SNCF jadis défendait aux voyageurs - là où se vautrer suscite une certaine allégresse. Face à sa finitude il se veut survivant qui ferait de lui presque une légende. Le presque est important.

La passion implicite des livres fait de lui un survivant qui renoue avec l'ombre pour mieux voir la lumière quand elle apparaît - même s'il est hypermétrope existentiel. Avant de s'amputer eu égard à ce que la vie propose, il ne cesse de se donner la mort pour mieux renaître dans un aménagement vital qui se limite à la seule sagesse : passer à aujourd'hui / que demain vienne ou pas.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Julien Boutreux, Le rasoir d'Ockham appliqué au poète, Polder 181, coédidions Décharge (Egleny) et Gros textes (Chateauroux-les-Alpes), 2019, 52 p., 6 euros

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