Que l'auteur Thierry Moral et le dessinateur Bertrand Arnoult soit rassurés. Car si suite à une détonation, un toutou à sa mémère bascule dans une autre vie : une vie de chien, celui-ci n'a plus désormais à découvrir un monde fait de multiples formes de violence.
Sinon une,  imprévue.

À l'époque où le texte est écrit et les images réalisées, le regard du chien perdu aborde le terrorisme, les laissés-pour-compte, les sévices institutionnel voire la férocité des chiens qui sont parfois des loups pour eux-mêmes. Mais désormais le coupe étant pleine et les rues vides, la donne change.

C'est pourquoi ce road-movie se regarde et se lit avec distance. Ce qui n'empêche en rien d'édulcorer la cruauté que le texte distille. Les deux créateurs évoquent ce qui provisoirement est occulté mais qui demeure.

Le chien bat non la campagne mais la ville et le "faire" pendant que le monde si chaud bascule. Les chiens perdus - lorsqu'ils ont quatre pattes - deviennent de fidèles amis de l'homme. Ils s'en servent comme laisser-passer et bon pour pouvoir afin et à leur tour de divaguer sur courant alternatif.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Thierry Moral et Bertrand Arnould, Vie de chien, éditions Lunatiques, janvier 2017, 70 p.-, 8,50 €