Ange-Burger : Abel "caïn"-caha

Le texte de la plasticienne et écrivaine Abel Burger est fractal. La peintre ne cherche pas à plaire mais à dire et faire. L'amour et/ou la peinture – qui sont un peu comme l’œuf et la poule. Dans les deux on peut glisser, se perdre. Vivre aussi. Ou survivre.

Il faut alors parfois appeler de l'aide (la sœur vient au secours). Mais ne demandez pas à l'auteur de vous touiller dans le pathos. Elle tranche dans le vif, c'est comme si lorsqu'elle ne peut plus peindre elle taillait le manche de ses pinceaux achetés chez Ikea pour se les planter dans le cœur.
Là encore pas d'hémoglobine pour autant. L'hématome du cœur suffit. Pas de quoi en faire une choucroute même si la douleur est là et bien là. Mais en aporie, en politesse d'un certain désespoir.

La Polo VW roule, Besançon se rapproche et comme aurait dit Beckett, quelque chose suit son cours. Abel Berger n'est pas loin de lui ni de ce quelque chose. Sans savoir quoi ou qui. Mais la peinture tient. Peut être un peu plus loin que l'amour. Ou pas assez. Peut-être plus loin que la vie...

Bref exister ressemble à un exercice de patience. Mais ce n'est pas un jeu c'est être libre de rien faire pendant qu'on fait tout". L'inverse est vrai aussi car "faire tout c'est être ce qu'on est tout le temps.
Les imbéciles pensent que ce n'est pas suffisant. Mais les sages se contenteraient de moins. Abel Burger est une sage. C'est aussi presque un ange. Sexuée l'ange fabrique des images sourdes. Elle et elles arrivent. Pas loin de Besançon, ça suit son cours, Abel avance, caïn-caha. Pas question de rester dans la tombe tant qu'on est vivant.

Jean-Paul Gavard-Perret


Abel Burger, Peindre, éditions Furtives, Besançon, mai 2020, tirage limité à 50 exemplaires, 3 €

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