Esther Tellermann : réponse "militante" au peu que nous sommes

Comme une suite à deux de ses récits : Une odeur humaine et Première version du monde, EstherTellermann creuse encore plus ce qui nous fait.
Dans ce texte – écrit après les visites dans l'atelier du peintre Garache – les rouges, les bleus, les gris et les verts deviennent des symboles orphiques de la question (irrésolue) de notre présence sur la terre.

C'est pourquoi – et surtout au nom des femmes – les formes deviennent des âmes à demi transparentes, des corps sensuels quoique à peine esquissés comme s'ils étaient toujours sur le point de
disparaître.
Un tel chant rassemble par divers temps qui nous sommes, entourés de notre solitude, de notre inquiétude, de notre présence comme de notre effacement.

Existe donc une traversée sur laquelle les nuages des horreurs du passé pèsent. D'où bien des murmures, des plaintes, des peurs. Comme Garache à la recherche de la respiration d’un seul monde, la poétesse ne s'en fait pas pour autant une vision idyllique.
Reste malgré tout l'incantation particulière pour que l'être ne s'autodétruise pas en des folies de tout temps aussi que coutumières.
Mais face au tumulte, la créatrice – militante de la cause humaine – sait être parfois secouante mais parfois douce pour réveiller ces corps qui chez Garache sont toujours à naître. Mais la poétesse va plus loin et pénètre l'inconscient humain pour voir comment ses racines souterraines peuvent converser avec le ciel. Et ce pour tenir face aux périples, aux incertitudes, aux monstruosité et tout ce qui en l'être est limite.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Esther Tellermann, Corps rassemblé, vignette de couverture de Claude Garache, éditions Unes, octobre 2020, 128 p.-, 21 €

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