Jos Garnier : Quand les paroles quittent toute conception mathématique

Pour Jos Garnier la solitude – volontaire ou non – n'est pas forcément une isolation de monde mais une manière de l'accueillir pour le réinventer. La concentration verbale renvoie vers d'autres fermetures qui sont autant d'ouvertures que la créatrice fait éprouver en un viatique dont le néant fait partie.

Les textes soulignent une universalité non commune mais qui existe bel et bien. L'œuvre devient une expérimentation sur le récit, la poésie, la langue dont le corps reste le dernier lieu de préservation de l’individualité. Et ce, là où des fantasmes hybrides montés dans un ciel maudit par des franges accessibles de nul point des âmes caressées au-delà des vertiges sous les chapes grues des mauvaises vies par tout cela d’une morsure égale". L'auteur dans son chemin même si elle s'encrasse et tombe [...] se relève même du pire, là où l'écriture chamboule les chambranles syntaxiques.

Jaillit comme l'écrit Gaston Miron dans l'incipit du livre la grande rasade, la grande débarque, la grande galope, la grande toupie, la grande tombée dans les pâmes de l'irrationnel.
Jos Garnier propose en conséquence un défi à l'impossible jusqu’à la forme présente depuis le début pas à pas mettre en jeu cet intermède fracassant pour tromper quotidiennement un futur sans explication dans l’ordre chronologique sans trajectoire au cœur d’un phénomène extravagant. À savoir celui de la vie qui se développe ici dans sa propre logique : celle de fantôme irréfutable. Il  fait le lien entre les vivants et les disparus.

Le livre reste un chantier majeur dans les jardins de l'existence depuis les rougeurs du matin jusqu'aux ombres du soir. L'auteure, du fond de la Drôme, voit à l’horizon la neige fondre sur les montagnes. Elle laisse dans son texte les maillons de ses attaches tissées d'incertitude qui ne s’useront jamais mais dans l'espoir qu'une main trouvera toujours du fil pour les recoudre.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Jos Garnier, Sous les chapes grues, éditions Milagro, février 2021, 48 p.., 10€

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