Odile Cohen-Abbas : quand les mots s'allument sous la lune

Dans un expressionnisme coloré et construit et un surréalisme aux images télescopées, l'espace est recadré entre réel et imaginaire contre le néant tel qu'il est donné.
Les divers "Moi" en leurs émois sont inquiets, souvent tourmentés par l'angoisse du vide, de la névrose, de l'amour et de la mort.

Les perspectives cinématographiques doublent le réel   dans cette œuvre aux teintes sombres mais tout autant sensuelles.
Tout est fait pour accentuer le caractère inquiétant que peut revêtir notre propre reflet. De fait, ici comme dans Le Horla de Maupassant, le Moi semble habité par une entité étrangère.
 
Intimités hantées, espaces maritimes  semblent habitées d'une présence invisible dans ce qui devient un texte aussi ironique qu'hallucinée dont l'intensité culmine dans la monte finale.
Entre présence, absence, dédoublements, jeux sexuels existe toujours une énigme. Arrimée aux peintures d'Alain Breton, Odile Cohen-Abbas scruté son propre univers onirique. Elle n'a pas besoin des rêves des autres en ayant trop elle-même.
C'est l’occasion de se familiariser avec un climat trivial, mystique et onirique empreint du mystère d’une créatrice insolite et visionnaire.
 
Jean-Paul Gavard-Perret
 
Odile Cohen-Abbas, La Maison des gestes, Les Hommes sans Épaules, avril 2021, 120 p., 20 €                       

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