Le capharnaüm de Christian Gallopin

Dans Autopsie des cafards la vie se tend et déboule. Depuis le temps d'origine (la ferme de naissance) en passant par les moments où ça se viande (la guerre d'Algérie) jusqu'au moment ou tout pourrait encore arriver. Suivre le héros c'est progresser dans l'adversité.
Gallopin y danse.

Fidèle à l'injonction de l'incipit de Henri Michaux qui rappelle : Le venin du serpent est son fidèle compagnon [...] Frères, mes frères damnés, suivez moi avec confiance, la narration s’éructe mais sans chercher d'effets.

Tout semble prêt à finir par "s’encrever" d’un coup, d’une traite mais portant tout tient. Comme la vie retenue souvent à un fil même si parfois elle s'en va d'un coup de lame. Dès lors en cette fiction, penser c'est déboucher, dégorger du signifiant afin de pouvoir respirer encore. Preuve  que Christian Gallopin fait mieux que viser juste. Les mots forent des trous dans notre savoir acquis.

Bref l'auteur décoiffe le bien peigné. Tout sent la sueur et la souffrance. Chaud dedans. Mais ça respire. Parfois les corps sont  en chandelle, parfois ils pendent - voire plus.  L'ensemble  prend aux tripes en salade d’hommes. Il y a bien des idées à braver et des sentiments à chevaucher : ça frotte, ça enduit, ça fait boule et aussi ça met en boule.


Jean-Paul Gavard-Perret

Christian Gallopin, Autopsie des cafards, coll. Le Bleu-Turquin, éditions Douro, septembre 2021, 236 p.-, 19 €

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