"La place du mort", les histoires d'amour finissent mal... en général!

Le mari, la femme et les morts


« Il y a quelques années, le sirocco avait soufflé sur Paris. Il faisait très chaud. Une fine couche de sable rose recouvrait les voitures. Fabien était au même endroit sur un balcon. Il aurait voulu qu’il en tombe un mètre, comme la neige quand il était petit. Mais rien ne tenait ici, tout tournait en boue. Ça venait sans doute de la mauvaise qualité des rêves. »


Fabien est un gars sans histoires, marié à une femme sans histoires. Un week-end, il rejoint son père pour l’aider dans une foire à tout. Puis la police appelle Fabien, la vie sans histoires éclate en mille morceaux : sa femme, morte dans  un accident de voiture, le trompait avec un autre. Fabien accuse le coup, commence son errance. Puis prend une résolution claire : puisque ce type sa volé sa femme, lui va retrouver sa veuve et coucher avec elle. Fabien met la main sur son adresse, la suit. Elle s’appelle Martine, est très ordinaire comme lui. Mais il se sent lié à elle par l’infidélité de leurs conjoints. Et il décide de partir en vacances au même endroit qu’elle. Veut-il se venger ? A-t-il quelque chose contre elle ? 


Efficacité du format court


Drôle de roman que La place du mort dont la brièveté et la sécheresse de ton évoquent des grands anciens du polar tels David Goodis et William Irish. En à peine 170 pages, Pascal Garnier plonge Fabien, archétype du gars normal, dans un cauchemar sans fin et sans fond. Mû par un désir masculin de mari trompé, il séduit la femme de l’autre - thème de maints mélodrames -, sans savoir qu’il met le doigt dans un engrenage qui le mènera au sordide, voire aux portes de la folie. Le lecteur finit par étouffer, comme enfermé dans cette histoire qui ne peut que mal se terminer. Le style de l’auteur, à base de descriptions ancrées dans un quotidien urbain et ordinaire (trop ?), contribue à cette sensation d’enfermement. Finalement, Pascal Garnier prouve qu’écrire des livres courts demande parfois autant d’énergie que de confectionner un magnum opus. La place du mort mérite une place de choix dans votre bibliothèque.

 

Sylvain Bonnet


Pascal Garnier, La place du mort, Points roman noir, janvier 2013, 168 pages, 5,70 €

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