"Créole Belle", blues cajun

La saga de Burke et Robicheaux

 

James Lee Burke, c’est un peu comme Clint Eastwood : on attend chaque année avec impatience son dernier opus, en repensant aux précédents, les bons comme les moins bons. Et c’est aussi comme un feuilleton : on attend de retrouver son héros fétiche, Dave Robicheaux, dans un nouvel épisode de la saga. On avait laissé le grand Dave et sa belle mèche en fâcheuse position dans L’arc-en-ciel-de-verre. Le policier cajun a cependant de la ressource (et il est probable que Burke ne le laissera pas mourir tout de suite).

 

Cherchez les femmes

 

C’est à l’hôpital, bourré de morphine pour calmer ses douleurs, qu’on retrouve donc Robicheaux. Une jeune femme, Tee jolie Melton, vient lui rendre visite. Il la connait depuis longtemps mais se demande s’il n’est pas en train de délirer. Tee Jolie lui raconte qu’elle a rencontré un homme, qu’elle est enceinte et que son amant veut la faire avorter. Elle laisse sur l’ipod de Dave une chanson, Creole Belle, qu’il écoute abondamment à l’hôpital. Problème : personne d’autre ne peut l’écouter. Une fois sorti, il convainc son vieil ami Purcel de la retrouver. Ils remontent alors la piste de Tee Jolie. Mais Purcel a d’autres soucis : il est soumis au chantage de Bix Golithly et de Waylon Grimes, qui ont mis la main sur de ses vieilles créances de dette. Or Bix Golithly se fait descendre, ce qui arrange les affaires de Clete… Sauf que celui-ci reconnait le tueur : il s’agit de sa fille, Gretchen Horowitz, qu’il veut désormais retrouver. La piste de Tee Jolie les amène à la famille Dupree et à son patriarche Alexis, un ancien déporté. Sauf qu’Alexis respire le mal…

 

Noire Louisiane

 

Burke n’en finit pas de peindre la société louisianaise sous un jour noir, très noir : héritière de l’esclavage, sous le joug de mafias, l’Etat du pélican abrite toutes sortes de pécheurs, dont d’anciens nazis. Mais sur cette terre découpée en paroisses et régie par le code Napoléon, il y a toujours Robicheaux et son ami Purcel pour régler les abus les plus criants, liquider s’il le faut les criminels les plus dangereux. Ils sont chaque fois plus usés, se font vieux mais les deux jumeaux de la criminelle (comme ils se baptisent) du NOPD (la police la plus corrompue des Etats-Unis, rappelons-le) répondent toujours présents. Ajoutez à cela le talent inimitable de Burke pour restituer les sensations de la Louisiane et le balancement constant entre exigence de rédemption et explosion de violence, vous obtenez tout simplement un excellent roman, un très bon cru où Burke, une fois de plus, démontre et son talent et sa maîtrise du roman noir. Chers lecteurs, lisez Burke, vous ne le regretterez pas.

 

Sylvain Bonnet

 

James Lee Burke, Creole Belle, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier, Payot-rivages, avril 2014, 624 pages, 22 €

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