Truman Capote, "Un été indien", ou le sentiment de nostalgie

Bobby, le petit narrateur vit avec ses parents et ses grands-parents dans une petite maison de bois aux confins d'un territoire abandonné. Loin de la ville, en pleine nature, pour seul ressource un champ à travailler et s'y épuiser, la vie se passe de génération en génération aux confins de la Virginie Occidentale. Les liens du petit-fil et du grand-père son très fort, ceux des autres plus compliqués... Quand le père décide de déménager en ville pour donner à son fils la chance d'un avenir meilleur, il prépare tout et n'informe les grands-parents qu'au moment du départ, presque sans adieu, sans émotion, alors que Bobby va vivre ce dernier weed-end "chez lui" comme la première expérience de la perte et du deuil, d'abord symbolique, puis bien réel : la grand-mère, malade quand ils partent, décèdent le lendemain, comme s'il elle incarnait la vie d'avant... 

C'est aussi un texte douloureux sur l'héritage et le rêve américain, celui de la frontière. Pour que leur fils devienne meilleur (aller à l'école, entrer dans l'ère moderne), les parents se sacrifient et renie brutalement tout ce qu'ils ont été jusqu'alors. Il faut aller de l'avant, reconstruire sur le vide d'un monde inconnu, conquérir de nouveaux territoires... 

Plus tard, longtemps plus tard, le narrateur se rendra compte qu'il a oublié son grand-père, mort sans avoir été revu, et se promettra de retourner sur ces terres, comme en pèlerinage. C'était peut-être cela, le secret du grand-père, que l'héritage résiste à l'arrachement. 

Un texte très court, très pur, très beau, sans effet de manche mais qui imprègne longtemps le lecteur.


Loïc Di Stefano

Truman Capote, Un été indien, traduit de l'anglais (USA) par Patrick Repussent, Payot-Rivages, "rivages poche", mai 2016, 64 pages, 5,10 eur

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