Les nuits d’Ava de Thierry Froger : La Dolce Vita avant l’heure

Nous sommes en 1958 et l’été s’étire à Rome ou Ava Gardner s’ennuie. Elle tourne un film, La maja Desnuda d’après Goya où elle joue une duchesse et ce film, elle le sait, ne marquera pas l’histoire du cinéma. Alors le soir, elle sort et boit, emmenant dans ses ivresses des amants de passage, tentant de tuer ce sentiment de vide qui l’habite. 

Une nuit, elle séduit Giusseppe Rotunno, son chef opérateur qui crée de sublimes lumières pour elle et décide d’un drôle de jeu : pourquoi ne pas reproduire en photos les nus célèbres ? De la Vénus au miroir de Vélasquez à La naissance du monde de Courbet, l’affolante actrice n’a peur de rien et s’offre à la caméra sans retenue. 

Que sont devenus les clichés pris cette nuit de débauche ? Un certain Jacques Pierre, historien, va mener l’enquête et se rapprocher en même temps de sa fille, qui vit à Rome et s’est entichée d’un homme plus âgé qu’elle. 

Roman dans le roman, enquête à multiples tiroirs, Les Nuits d’Ava qui vient d’être récompensé du prix Castel du Roman de la nuit, nous promène de Rome à l’Amérique de Howard Hugues, de Castro à Hemingway en passant par Sinatra. Fasciné, on suit la plus belle des actrices en prise avec la solitude mais aussi la fin de sa gloire et sa rencontre avec Marylin est un formidable moment de littérature. Le cinéma, la photo, la peinture s’entremêlent dans un récit gai et exaltant, souvent sous forme de puzzle qui mélange à l’envie les voix et les époques. 

On n’oubliera pas cette nuit si particulière où la liberté et la féminité sont de sortie. Ava Garner a inspiré Fellini pour la Dolce Vita avec Anita Ekberg ; tout un monde ainsi reconstitué.

Ariane Bois

Thierry Froger, Les Nuits d’Ava, Actes Sud, août 2018, 291 p.-, 20 €
Lire aussi : Les Nuits d’Ava : la place de l’image entre souvenir & fantasme

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