Les voyageurs de l'été de Sylviane Arrivé - Un voyage plein de nostalgie

LES VOYAGEURS DE L'ETEComme un ruisseau

C’est ainsi que se déroule le, ou plutôt devrais-je dire les récits des Voyageurs de l’été. Une très vieille dame, Nonna, attend l’arrivée de son arrière petite-fille. C’est le grand départ pour elle. Elle part s’installer dans une maison de retraite, laissant derrière elle quasiment tout ce qui a fait sa vie. Elle n’emporte avec elle que ces souvenirs, surtout celui du voyage qu’elle entreprit le temps d’un été avec l’amour de sa vie, Daniel.

Au récit de ce voyage se mêle et s’intègre parfaitement celui de Daniel, livré lors des trajets en voiture. Il lui raconte sa rencontre, sa vie auprès de celle qui fut son grand amour, Hélène Baumann, une romancière torturée. Le récit de Daniel s’étale d’étapes en étapes à travers la France, d’église en chapelle, de tableau en danse macabre. Il retrace l’itinéraire de cette femme qui petit à petit sombre dans la folie avant de disparaître de façon singulière.

A ces deux récits s’ajoute un troisième : trois courtes nouvelles d’Hélène, troublante, angoissante, étonnante. Nonna s’y replonge entre deux souvenirs.

Un dernier récit intervient, celui d’une femme, Renée, qui reçoit des cartes postales d’un peintre endeuillé, Daniel, par la perte de la femme qui l’inspirait, Sophie. Lors de son périple, il rencontre le couple de sexagénaire, peint leur portrait.

Lily, l’arrière petite-fille, clôt cette valse : elle redécouvre le portrait et ses mille détails qui tous rappellent ce voyage entrepris pendant l’été. Derrière, une dédicace, troublante pour le lecteur que nous sommes.

Entre trouble et clarté

L’enchaînement, l’entrelacement des différents récits ne cessent de nous troubler, et de nous emporter par leur puissance. Pourtant, si parfois l’on se perd, c’est pour mieux se retrouver et se raccrocher au récit. Comme un patchwork : les pièces, individuellement, ne sortent pas de l’ordinaire mais cousues ensemble, leurs différences s’harmonisent et forment un tout cohérent. Nous sommes aidés en cela par l’écriture simple, pure de Sylvaine Arrivée qui défend « une écriture sans gras » mais « en quelque sorte tout de même épaisse, dans laquelle on ait plaisir à mordre comme dans une pâtisserie savoureuse. » C’est fluide, musical, comme ces petites comptines dont l’auteur parsème le texte. Une vraie religieuse au chocolat !


Julie Lecanu

Sylviane Arrivé, Les voyageurs de l'été, Colliopées, septembre 2008, 150 pages, 18 euros.


 

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